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Qu'est-ce qu'un derb ?

Article mis à jour
24/6/2024 18:28
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Qu'est-ce qu'un derb ?

Un derb signifie ruelle et souvent impasse. Dans la médina (vieille ville), les derbs sont très étroits et piétons.

On peut y croiser également des deux roues, plus ou moins bruyants, mais aussi des ânes tirant des charrettes, facilitant ainsi déménagements, grosses livraisons ou travaux de réfection.

Mais ce n’est pas tout, le derb est aussi et avant tout un lieu de vie, de rencontre, une cour de récréation pour les enfants qui savent bien marquer leur territoire.

La médina est souvent apparentée pour les novices à un labyrinthe. Lorsque l’on connait bien les raccourcis, on se rend plus vite à pieds qu'en voiture d’un quartier à l’autre. En observant le mouvement, on comprend vite qu’il vaut mieux marcher à droite et se laisser dépasser par les deux roues pour ne pas se faire accrocher.

Dans les derbs achalandés par des commerçants, on y trouve de tout, épicerie, téléphonie, alimentation, coiffeurs, hammam, four collectif, menuisier… parfois ouverts très tard. Lorsqu’il fait très chaud, c’est après la nuit tombée qu’il y a le plus de monde.

Les derbs les plus larges, sont achalandés de nombreux commerçants et les plus petits sont réservés aux habitations.

L’étroitesse des rues permet un abaissement des températures, les maisons de chaque côté procurant de l’ombre mutuellement. Un grand confort pour les piétons. Cette architecture est donc privilégiée dans les pays chauds ou les anciennes maisons ne disposaient pas de climatisation et où il n’y a pas d’arbres comme dans les rues des villes ou boulevards.

Ce qui me plait par-dessus tout, ce sont les bruits et les sons de notre derb, si particuliers et uniques du fait de l’absence de véhicules.

Dans notre derb, les animaux que l’on entend sont le plus souvent les oiseaux comme les tibipts de Marrakech et les chats.

Au cours de la journée, les effets sonores peuvent varier, tant dans leur intensité que par leur nature. Il y a les enfants bien sûr, leurs cris, leurs rires, leurs pleurs. On sait parfaitement à quelle heure ils rentrent de l’école, terminent leur repas ou vont se coucher. Tous se retrouvent pour jouer, s’appellent entre eux. Les cris de joie lorsque l’un d’entre eux a marqué un but avec le ballon. Lequel ballon heurte souvent les fils électriques ou les boitiers de Maroc Télécom ou termine sa course dans la porte d’entrée en fer résonnant dans toute la maison. Le ton monte, une maman les rappelle à l’ordre, le calme revient.

Au niveau de la propreté, en principe chacun nettoie devant sa porte, à grands sceaux d’eau en été.  J’entends rouler les poubelles le matin vers 7h, ce sont les éboueurs qui font la collecte à pieds.

Parmi les bruits du matin, ceux que j’apprécie les plus ce sont les vendeurs ambulants.

Le vendeur de javel qui crie JAVIL JAVIL, OYO HO pour celui qui récupère les bouteilles d’eau en plastique ou le pain rassis destiné aux animaux. Un autre a une petite poire et qui fait pouette pouette, on le suit à son signe particulier de derb en derb.

Quelquefois, il y a des engueulades, des différents familiaux, dont tout le monde profite. Le ton monte souvent avec la chaleur, puis redescend très vite. Les soirs de matchs de foot, on sait à quel moment un but a été marqué. Les soirs ou la musique et les chants gnaouas se font entendre, on sait qu’il y a un évènement familial dans le quartier.

Au moment où j’écris ces lignes, 21h22, c’est le silence total. Allo, Ya quelqu’un ? Mais où sont-ils passés ?